A LA LOUPE 5

Bulgarie : la minorité turque, héritière de la présence ottomane.


En Bulgarie, un peu plus de 10 % de la population est d'origine turque, soit quelque 820 000 personnes. Les turcophones de Bulgarie vivent dans l'Est du pays, non loin de la côte de la mer Noire. On en trouve près de la frontière avec la Roumanie, dans les collines qui surplombent Burgas et surtout dans le sud-est, près de la frontière avec la Turquie, une région où de nombreux turcophones ont de la famille de l'autre côté de la frontière.

Leur présence dans cette région remonte à la fin du XIVème siècle, époque où l'Empire ottoman se rend maître des Balkans. Cinq siècles plus tard, lors de son retrait, l'Empire laisse derrière lui un certain nombre de communautés turcophones, comme en Bosnie, en Grèce ou en Bulgarie. L'indépendance de la Bulgarie est déclarée en 1878.

Sous le communisme, la situation des Turcs de Bulgarie s'est largement détériorée. En 1950 et 1951, plus de 100 000 d'entre eux ont dû quitter le pays sous la pression des autorités bulgares. Mais le pire est survenu dans les années 1980 : Todor Jivkov, numéro un du régime, décide d'assimiler de force la minorité turque. De 1984 à 1989, la bulgarisation forcée des noms turcs, l'interdiction de parler le turc, de se faire circoncire, de se marier selon les traditions islamiques, etc… se doublent de persécutions de plus en plus pesantes. D'avril à novembre 1989, 350 000 Turcs sont contraints de quitter la Bulgarie, expulsés vers la Turquie. Ce fut l'un des exodes les plus massifs de la fin du XXème siècle.

En 1989-1990, le régime communiste bulgare s'effondre et les droits de la minorité supprimés par Jivkov sont très vite rétablis. La révocation de décrets de bulgarisation forcée des noms turcs a été l'une des premières décisions prises par le nouveau pouvoir en décembre 1989. On estime que la moitié des Turcs expulsés sont revenus vivre dans leurs foyers en Bulgarie. Beaucoup ont tout perdu dans ce va-et-vient et ne s'en sont jamais remis.