A LA LOUPE 9

Moldavie : la Transdniestrie demande le divorce.


Des quinze Républiques Soviétiques Socialistes qui constituaient l'URSS, la Moldavie, avec 33 700 km², était la plus petite. Ses frontières furent dessinées à la suite du pacte germano-soviétique de 1939. Un découpage diabolique : sur l'ancienne Bessarabie reprise à la Roumanie (mais amputée d'une région Nord et d'une région Sud attribuées à l'Ukraine), Moscou rattacha la Transdniestrie, une bande de terre de 200 kilomètres sur 20 de large, qui faisait jusque-là partie de… l'Ukraine. Bref, prendre à l'un pour donner à l'autre tout en prenant à l'autre pour donner à l'un.

A l'inverse du reste de la Moldavie, la Transdniestrie est à majorité russophone : 60 % de ses 800 000 habitants sont russes et ukrainiens. En juin 1990, lorsque la Moldavie amorce sa marche vers l'indépendance en proclamant sa souveraineté, la réaction des russophones de Transdniestrie ne tarde pas : ils proclament leur indépendance et dénomment leur mince territoire la "République du Dniestr" (du nom du grand fleuve qui la sépare du reste de la Moldavie), avec Tiraspol comme capitale.

Utopie ? Pas forcément. La "République du Dniestr" ne manque pas d'atouts : c'est elle qui concentre l'essentiel de l'industrie de la Moldavie, c'est sur elle que passent les gazoducs alimentant le reste du pays, et c'est enfin chez elle qu'est stationnée 14ème armée soviétique dont l'évacuation est sans cesse repoussée. De quoi dissuader Chisinau, la capitale de Moldavie, d'intervenir.

Pourtant, une guerre de six mois éclate en 1992 entre les séparatistes russophones de Transdniestrie et le pouvoir central de Chisinau. On dénombrera entre 500 et 1000 victimes. L'accord signé en juillet 1992 entre Boris Eltsine et Mircea Snegur (alors président de la République de Moldavie) a mis fin au combat. Il prévoit le maintien de l'intégralité territoriale de la Moldavie en échange d'une autonomie accordée à la Transdniestrie et le droit de celle-ci à faire sécession en cas de réunification de la Moldavie avec la Roumanie. En 1997, un mémorandum parrainé par la Russie, l'Ukraine et l'OSCE a normalisé les relations entre Chisinau et la Transdniestrie, sans toutefois régler le statut de cette dernière… Le statu quo s'éternise. Et dans les faits, Chisinau n'a plus qu'un pouvoir théorique sur Tiraspol.